Bruno Le Roux, récompensé, hérite de Beauvau

Désormais à Matignon, Bernard Cazeneuve a été remplacé, mardi 6 décembre, au ministère de l’intérieur par Bruno Le Roux, lui aussi fidèle du président.

Bruno Le Roux à l’Elysée en juin 2016

A cinq mois de la fin du quinquennat, Bruno Le Roux réalise enfin son ambition d’entrer au gouvernement, qui plus est au poste dont il rêvait : l’intérieur. Certes, ce sera un bail de courte durée mais il récompense un fidèle de François Hollandequi se morfondait à la présidence d’un groupe socialiste de l’Assemblée nationale en apesanteur.

Agé de 51 ans, le député de Seine-Saint-Denis a déjà une longue carrière politiquederrière lui, commencée en 1989 au côté du maire (PS) d’Epinay-sur-Seine Gilbert Bonnemaison, auquel il succédera en 1995. Un an plus tard, le premier secrétaire du PS, Pierre Mauroy, nomme directeur adjoint de son cabinet celui qui, entre-temps, a également pris les commandes de la fédération socialiste de Seine-Saint-Denis.
Au-delà de ses mandats électifs, Bruno Le Roux est avant tout un homme d’appareil, qui a mûri dans le giron du Parti socialiste, rompu aux joutes intestines et familier de la carte électorale. En 1995, Lionel Jospin le nomme délégué national du PS chargé des questions de sécurité et de police. En 1997, à la faveur des élections législatives provoquées par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Jacques Chirac remportées par la gauche, il entre à l’Assemblée nationale, où il a été réélu depuis sans discontinuer.

A l’Assemblée, il peine à asseoir son autorité

Fidèle de François Hollande et de Jean-Marc Ayrault, qui présidait le groupe socialiste de l’Assemblée de 1997 à 2012, il succède à ce dernier quand il est nommé à Matignon. Mais la mayonnaise a dû mal à prendre et Bruno Le Roux peine à asseoir son autorité sur un groupe au sein duquel les fissures ne cessent de s’élargir. Défenseur inconditionnel du président de la République, il ne réussit pas plus à relayer une influence du groupe socialiste dans l’élaboration des politiques publiques.
Depuis qu’en 2014 Manuel Valls a succédé à Jean-Marc Ayrault à Matignon, chaque remaniement ministériel le voit plus ou moins discrètement proposer ses offres de services. En vain. Dans la dernière période, il mettait toute son énergie àréhabiliter le bilan de François Hollande, dont il souhaitait ardemment qu’il se représentât à l’élection présidentielle, estimant même qu’il n’avait pas, pour cefaire, à passer par une primaire. Le choix du président sortant de ne pas sereprésenter l’a laissé sous le choc. Le voilà nanti d’un éphémère portefeuille ministériel en guise de lot de consolation.

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