Ces choses que vous ne savez pas sur la Saint-Nicolas

Comme dans une partie de l'Europe, la Saint-Nicolas est fêtée mardi en France, principalement dans l'Est et le Nord. Zoom sur cette tradition. 

Saint-Nicolas est célébré mardi en France, notamment dans le Grand-Est et les Hauts-de-France, mais aussi en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Belgique. Ce saint patron aux faux airs de Père Noël est prétexte à une distribution de sucreries et autres cadeaux aux enfants. Mais d'où vient cette tradition ? Et qui est vraiment Saint-Nicolas ? Zoom sur ces choses que l'on connait moins sur la Saint-Nicolas.

Il est turc

Avant d'être appelé Saint-Nicolas, on connaissait le bonhomme sous le nom de Nicolas de Myre, du nom de la cité antique située en Anatolie, l'actuelle Turquie. "Saint-Nicolas est né au IIIe siècle en Asie mineure, dans une ville portuaire qui s'appelait Patara", raconte Franck Ferrand dans un précédent Au Coeur de l'histoire,diffusé sur Europe 1, consacré à Saint-Nicolas et au mythe du Père Noël. "Très jeune, il a été élu évêque. On est dans les débuts de la chrétienté. Il va rester pendant une trentaine années, sur une île, qu'on appellera ensuite l'île de Saint-Nicolas. Puis il s'établit à Myre, aujourd'hui la ville de Demre. C'est là qu'on l'identifie. Dans une période de christianisation et d'évangélisation, il va lutter contre les cultes païens rendus à Apollon, à Artémis."
Il mourra le 6 décembre de l'année 310, 311 ou 312. "Certains disent, notamment dans la légende dorée de Jacques de Voragine un ouvrage qui raconte la vie de centaines de saints et saintes, qu'il est mort bien plus tard en 345", souligne Franck Ferrand. 

Sa légende part d'une phalange

En 1087, des commerçants italiens qui venaient de Bari, vont passer par Myre et tentent de s'emparer de la dépouille du Saint. C'est l'époque où toutes les villes d'Italie veulent leurs reliques pour organiser des pèlerinages et pour faire la fortune. "Certains auteurs affirment que ces commerçants se seraient trompés, qu'ils auraient pris la dépouille d'un mort voisin. Toujours est-il qu'à Bari, en Italie, la Saint-Nicolas est célébrée à partir du XIe siècle-début du XIIe", ajoute le journaliste.
Au même moment, Aubert de Varangéville, un Lorrain avec "de hauts faits d'arme", passe par Bari. "On lui remet alors une phalange du Saint qu'il dérobe et dont il va faire don à une église à une vingtaine de kilomètres au sud de Nancy, l'église Saint-Nicolas-de-Port", précise-t-il. Ainsi naît la légende dans l'Est de la France.

On lui doit sans doute les cadeaux de Noël

Saint-Nicolas n'est pas l'ancêtre du père-Noël pour des prunes. Ce grand barbu aurait fait des miracles. "La légende raconte qu'il était le patron des marins et aurait sauvé trois d'entre eux de la tempête", détaille Nadine Cretin, historienne, auteur de "Noël des provinces de France" (Le Pérégrinateur). "Il aurait également sauvé trois jeunes filles en leur payant leur dot. "Il a déposé un cadeau, anonyme, sur le bord de la fenêtre. Cela a quelque chose à voir avec notre cadeau de Noël", précise l'historienne.

Une comptine raconte sa légende de façon déformée

"On dit que Saint Nicolas - qui est aussi le protecteur des enfants malheureux, volés, assassinés - est également intervenu pour rendre la vie à trois enfants", complète Franck Ferrand. "Une comptine raconte cette histoire, celle de trois enfants tués par un boucher, découpés, mis au saloir. Sept ans plus tard Saint-Nicolas leur rend la vie." 
Cette légende viendrait d'une mauvaise interprétation d'une légende antique. "Saint Nicolas aurait délivré trois officiers romains emprisonnés dans les geôles de l'empereur Constantin avant que celui ci ne se convertisse au christianisme", explique Franck Ferrand. Dans la peinture byzantine, Saint-Nicolas figurait en taille disproportionnée par rapport aux trois soldats, "pour montrer sa grandeur d'âme en quelque sorte". "Sauf qu'en Occident on ne savait pas lire tout ces élements et on a cru que les trois officiers romains étaient des enfants. Comme ils se trouvaient sur une tour byzantine et qu'elle avait la forme d'un saloir, on a pensé que les enfants étaient dans un saloir. Voilà l'origine de cette légende, une incompréhension du thème initial", pointe Franck Ferrand.

Il n'a pas le même animal partout

Point de rennes ni de caribous. A la différence du Père-Noël, Saint-Nicolas préfère les animaux têtus. Selon la légende belge notamment, Saint-Nicolas se déplace en âne pour déposer dans la nuit du 5 au 6 décembre des cadeaux et friandises dans les souliers des enfants sages. Dans d'autres versions, en Belgique flamande et aux Pays Bas, il arriverait en cheval blanc d'un bateau venu d'Espagne. "On l'a un peu associé au dieu nordique Odin qui se déplaçait sur les toits avec un cheval", explique Nadine Cretin. "Ce dieu avait un cheval à huit pattes. En France, on a choisi l'âne car c'est un animal équestre". Le 5 décembre au soir, les enfants laissent alors un verre de lait près de leurs souliers et une poignée de foin ou une carotte pour l'âne qui doit passer.

Il a un double maléfique

Tout le monde le connait et le craint. Le père fouettard, qui comme son nom l'indique n'appelle pas à la franche rigolade, accompagne toujours Saint-Nicolas. Aujourd'hui, il est celui qui punit les enfants sages. Mais Nadine Cretin le rappelle, le père fouettard n'a pas toujours eu vocation à être le grand méchant de l'histoire : "C'est un personnage sombre, énigmatique. Il symbolisait l'au delà, l'incertitude, l'inconnu. Il n'était pas la pour punir mais pour faire peur."

Certains le disent esclavagiste

Saint-Nicolas est-il un esclavagiste ? La polémique a été lancée il y a quelques années aux Pays-Bas. Selon la tradition locale, Saint-Nicolas arrive donc en bateau, sur son cheval blanc et accompagné du père fouettard, appelé aussi Zwarte Piet ou Pierre le Noir. Le personnage est habillé en page du XVIe siècle. Et dans certaines célébrations, il est présenté comme un homme noir avec une perruque afro.
En Belgique et aux Pays Bas, ce personnage a fait polémique. Les antiracistes ont assuré que Pierre le Noir était un symbole de l'esclavage. En 2014, l’ONU était même venue mettre son grain de sel en réclamant au pays des explications sur "Zwarte Piet", par la voix de la Jamaïcaine Verene Shepherd, présidente d’une commission du Haut commissariat aux Droits de l’homme.

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